Assurance : vers une surprime émeutes sur les contrats ?
Au Rendez-vous de septembre à Monte-Carlo, assureurs et réassureurs ont lancé les négociations pour les renouvellements des traités 2026. Au centre des discussions : les violences urbaines et le modèle actuel de dédommagement jugé insoutenable. Objectif : créer un fonds pour couvrir jusqu’à 775 millions d’euros de dégâts par an, en partenariat avec l’État. Reste à définir son fonctionnement, son financement et l’impact sur les assurances habitation et les assurances auto.
Des violences urbaines très coûteuses
Dès les Rendez-vous de septembre 2024, les réassureurs privés alertaient sur la hausse mondiale des pertes liées aux émeutes et violences urbaines — une tendance qui concerne particulièrement la France, l’un des pays les plus exposés à ces risques collectifs. La journée du 10 septembre 2025 en est une nouvelle illustration : il faudra plusieurs mois pour estimer précisément le coût des dégradations. Les chiffres des dernières années témoignent de l’ampleur du phénomène :
- 730 millions d’euros de dommages après les violences urbaines de l’été 2023, déclenchées par le décès du jeune Nahel ;
- Plus de 1 milliard d’euros en Nouvelle-Calédonie au printemps 2024, à la suite des émeutes liées à la réforme du corps électoral.
Alors qui paie ? Jusqu’à présent la couverture de ces violences repose essentiellement sur le privé qui pourrait finir par remettre en cause l’assurabilité de certains territoires.
Un dispositif pensé comme le régime Cat’Nat
Sous le gouvernement Bayrou, le ministère de l’Économie et des Finances préparait un dispositif inspiré du régime d’indemnisation Cat’Nat’ déclenché lors des catastrophes naturelles. L’objectif : créer un fonds public de 775 millions d’euros par an. Il aurait pour vocation d’indemniser entre 20 et 80 % des réparations en fonction du ratio « sinistres à prime », c’est-à-dire le montant total des sinistres divisé par le montant total des primes collectées.
En effet, ce fonds serait financé par une surprime équivalente à 5 % des primes dommages aux biens. En contrepartie, les assureurs devront rétablir la couverture des dégâts liés aux émeutes dans tous leurs contrats.
Reste à définir très clairement dans quelles circonstances ce dispositif d’État serait activé. En effet, l’Association des professionnels de l’assurance en France (Apref) met en garde contre un potentiel conflit d’intérêt. L’État serait à la fois celui qui doit maintenir l’ordre et qui garantirait ce fonds « émeute ».
Comment est-on indemnisé dans cette situation ?
Voiture brûlée, commerces incendiés ou vandalisés, graffitis, etc… Chaque victime de préjudices liés aux violences urbaines est indemnisée par son assureur en fonction des termes de son contrat.
Dans le cas d’un véhicule brûlé, le propriétaire sera indemnisé si son contrat prévoit la garantie incendie. Idem si le véhicule est dégradé, seule la garantie « dommages tous accidents » permet d’être couvert. Des exemples qui soulignent l’importance de bien comparer les devis d’assurance auto avant de souscrire.
Le même raisonnement s’applique à l’assurance habitation : pour être indemnisé en cas de vandalisme, de dégradations ou d’incendie lors d’émeutes, il faut que le contrat inclue une garantie dommages aux biens, comme le bris de glace, l’incendie, le vol ou le vandalisme. Si vous avez souscrit une assurance multirisque habitation, vous êtes normalement couverts contre ces dégâts.
Là encore, comparer les offres reste essentiel pour trouver la meilleure assurance habitation, adaptée à son niveau d’exposition.